Dardar Rooftop Marrakech, une adresse suspendue entre ciel et médina
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Sur les toits de la médina, certains lieux cherchent l’effet. D’autres préfèrent s’inscrire dans le temps. Dardar Rooftop appartient à cette seconde catégorie. Installé au-dessus du quartier Riad Zitoun, légèrement en retrait de l’agitation immédiate, le rooftop propose une expérience pensée pour accompagner les heures, du déjeuner à la nuit tombée, sans rupture ni excès.
L’arrivée se fait progressivement. Avant d’atteindre la terrasse, un premier niveau accueille les visiteurs dans une atmosphère feutrée. Le bar, baigné d’une lumière douce, invite à ralentir. On s’y installe naturellement pour un verre, comme un sas entre la ville et ce qui attend plus haut. Rien d’ostentatoire, mais une intention claire : laisser le temps s’installer.

La terrasse s’ouvre ensuite, largement, sur Marrakech. Le décor fait le choix de la retenue : zelliges, lanternes, matières naturelles, lignes bohèmes. Une esthétique maîtrisée qui ne cherche pas à rivaliser avec la vue, mais à l’accompagner. Ici, le ciel et la médina font partie intégrante du lieu.
À l’heure du déjeuner, Dardar dévoile un visage lumineux et apaisé. La ville s’observe à distance, sans se couper de son énergie. Les tables s’installent sans précipitation, les conversations prennent leur place. On déjeune en hauteur, avec cette sensation rare de suspendre le rythme habituel.
En cuisine, une brigade entièrement féminine signe une carte lisible, ancrée dans le Maroc contemporain. Les grands classiques sont abordés avec précision et respect : pastilla au poulet et aux amandes, tajines délicats, tangia longuement mijotée, couscous de cactus à la texture singulière. Une cuisine maîtrisée, sans surcharge, qui privilégie la justesse au spectaculaire.
Autour de ces piliers, des assiettes à partager viennent enrichir l’expérience, en phase avec l’esprit du rooftop : gambas croustillantes, briouates, crevettes pil pil, rouleaux frais. Quelques propositions plus actuelles s’invitent sans rupture — ceviche aux agrumes, carpaccio de truite, guacamole au crabe, poke bowl — dans un ensemble cohérent, pensé pour accompagner la diversité des moments.
Les desserts prolongent cette même ligne : équilibrés, précis, jamais démonstratifs. Pavlova aux fruits rouges, desserts au chocolat ou à la pistache, café ou thé gourmand aux accents orientaux. Des finales qui permettent de rester, plutôt que de conclure brutalement.

Le bar joue un rôle central dans cette continuité. Les cocktails, majoritairement signatures, misent sur l’équilibre : agrumes, herbes fraîches, épices discrètes, préparations maison. Ils évoluent avec la journée, plus légers en début d’après-midi, plus enveloppants au sunset, plus affirmés à la nuit tombée.
Le coucher du soleil marque un moment particulier. La lumière change, la médina se calme visuellement, la silhouette de la Koutoubia se dessine. Sans mise en scène excessive, le lieu capte cette transition avec naturel. La soirée s’installe ensuite progressivement, portée par une programmation musicale et artistique régulière : live band, DJ sets, danse orientale, performances visuelles. Une animation présente mais maîtrisée, pensée pour accompagner l’atmosphère plutôt que la dominer.
Ce qui relie l’ensemble reste l’équipe. Attentive, discrète, constante. Une présence qui ne s’impose jamais mais qui structure l’expérience. Un service précis, humain, qui donne au lieu une cohérence durable.
Dardar Rooftop ne cherche pas à impressionner. Il propose autre chose : une continuité, un rythme, une lecture apaisée de Marrakech. On y vient pour la vue, on y revient pour la cuisine, et l’on y reste pour cette sensation rare d’être à la bonne place, au bon moment.






