

L’association Oum El Ghait, engagée depuis 2013 dans le développement du préscolaire dans les quartiers urbains défavorisés de Casablanca, inaugure la deuxième édition du festival et projet pédagogique « Boudour wa Joussour », en partenariat avec Parchemins Concept, la Fondation marocaine du préscolaire, la Fondation Mohammed VI de promotion des œuvres sociales de l’éducation et de la formation, ainsi que l’Académie régionale de Casa-Settat du ministère de l’Éducation nationale, du Préscolaire et des Sports.
Pensé comme un pont entre l’éducation et la culture, ce projet s’appuie sur une idée simple mais fondamentale : c’est dans la petite enfance que s’ancrent les graines (« boudour ») de la personnalité et que se tissent les premiers liens (« joussour ») permettant aux enfants de prendre conscience de leurs talents et de leur potentiel. À travers l’art, la culture et la dimension spirituelle, les plus jeunes apprennent à s’exprimer, à développer leur savoir-être et à grandir dans une logique de vivre-ensemble.
Cette démarche se concrétise tout au long de l’année dans une centaine de classes préscolaires, où les éducatrices accompagnent les enfants à travers des ateliers ludiques et créatifs. Le processus culmine dans une grande comédie musicale, portée par des artistes marocains reconnus. La première édition avait séduit les familles avec l’adaptation du conte soufi « La huppe et les douze oiseaux » de Farid al-Din Attar, réécrit pour la petite enfance par Faouzi Skali. Cette fable philosophique, retraçant le voyage initiatique de douze oiseaux en quête de leur roi Simorgh, avait été sublimée par la mise en scène de Layla Skali et l’énergie des artistes.
La seconde édition, qui investira le centre Ghali Berrada de la fondation Oum Keltoum à Sidi Moumen, promet une expérience tout aussi féérique. Amal Ayouch incarne une huppe protectrice et charismatique, Sophia Hadi prête sa voix envoûtante à un perroquet polyglotte, tandis qu’Ismail Alaoui, avec humour et malice, interprète une joyeuse troupe d’oiseaux turbulents aux côtés de circassiens jonglant entre échasses et acrobaties.
Au-delà du spectacle, une exposition artistique viendra valoriser le travail des enfants et de leurs éducatrices, témoignant de la créativité foisonnante qui s’exprime dans ces quartiers. L’ambition affichée par Oum El Ghait est d’élargir progressivement ce modèle à d’autres zones urbaines défavorisées, de Sidi Moumen et Sidi Bernoussi à Aïn Sbaâ et Médiouna, afin d’offrir un accompagnement culturel et éducatif durable à des milliers d’enfants.
Cette deuxième édition s’annonce d’ores et déjà d’ampleur, avec près de 12 000 bénéficiaires attendus – des enfants du préscolaire accompagnés de leurs parents – et douze représentations prévues entre mai et juin. Plus qu’un simple festival, « Boudour wa Joussour » illustre la conviction que l’art et la culture sont des leviers essentiels pour semer les graines d’un avenir meilleur, même dans les environnements les plus fragiles.