Du 27 octobre 2025 au 12 janvier 2026, l’espace M7 de Doha se transforme en temple de la beauté et de la mémoire avec l’exposition « Amazigh Hair Couture », une célébration contemporaine des traditions capillaires marocaines. Cet événement d’envergure, placé sous le signe de l’héritage et de l’innovation, fait dialoguer l’ancestral et le moderne, l’intime et le collectif, la racine et la création.
M7, haut lieu de la création qatarienne, consacre ainsi les traditions capillaires amazighes au rang d’art vivant, à la croisée de la mode, de l’anthropologie et du design. Sous la direction curatoriale d’une équipe maroco-qatarienne, l’exposition propose un parcours multisensoriel où la chevelure devient, au-delà de l’esthétique, un langage identitaire profondément ancré dans l’histoire du Maroc.
L’exposition s’articule autour de quatre grands axes : Racines et rituels, Corps et âme, Recadrer le regard et Créer la continuité. Chaque section explore une dimension du rapport entre la femme amazighe et sa chevelure, un espace d’expression, de transmission, mais aussi de résistance. Des vidéos documentaires, des œuvres textiles, des installations olfactives et des pièces issues des Musées du Qatar offrent un regard renouvelé sur ces pratiques, trop longtemps figées dans des clichés folkloriques.
Les tresses, amulettes et ornements deviennent ici objets d’étude et de révélation. Le visiteur découvre comment, depuis des millénaires, les femmes amazighes ont inscrit dans la chevelure les marques de leur appartenance, de leur spiritualité et de leur autonomie. Les rites capillaires ne sont pas de simples gestes esthétiques : ils racontent des fragments de vie, de mémoire et de territoire.
Ce savoir-faire ancestral, transmis de mère en fille, trouve aujourd’hui un écho contemporain grâce à des artistes et designers marocains qui revisitent ces codes avec des matériaux modernes, entre hommage et réinvention.
Le projet « Amazigh Hair Couture » s’inscrit dans un contexte de redécouverte mondiale des traditions artisanales et des esthétiques vernaculaires. Alors que les grandes maisons de couture réintègrent dans leurs collections des influences culturelles locales, cette exposition agit comme une plateforme diplomatique créative entre le Maroc et le Qatar. Elle illustre un dialogue Sud-Sud fondé sur la valorisation du patrimoine immatériel et la reconnaissance de la richesse culturelle maghrébine.
L’engouement pour la beauté ethnique et les savoirs féminins trouve ici une résonance particulière. Selon les commissaires de l’exposition, « les coiffures amazighes ne sont pas de simples ornements, mais des archives vivantes d’un peuple qui a toujours su tisser le visible et l’invisible ». Dans une ère où l’identité s’exprime librement à travers le corps, ces traditions reviennent au premier plan comme acte d’émancipation et affirmation culturelle.
Ce dialogue entre culture, innovation et mémoire s’inscrit dans une démarche plus large de muséologie inclusive. À Doha, M7 se positionne non seulement comme un centre d’exposition, mais aussi comme incubateur d’expériences créatives. Les artistes marocains y occupent une place majeure, proposant des lectures contemporaines d’un patrimoine trop souvent marginalisé par les récits occidentaux.
Entre les photographies stylisées, les sculptures de cheveux tressés et les essences parfumées évoquant les rituels de soin, le parcours stimule tous les sens. Le public qatarien et international découvre ainsi le Maroc sous un angle inédit : celui d’un pays où le geste esthétique se confond avec la spiritualité, la mémoire collective et l’expression artistique.
En valorisant les traditions capillaires amazighes au cœur de la scène culturelle internationale, « Amazigh Hair Couture » dépasse le simple cadre d’une exposition. Elle participe à une relecture du rôle des femmes dans la transmission du patrimoine immatériel et contribue à repositionner le Maroc comme acteur central du dialogue entre modernité et racines.
À l’heure où les sociétés repensent leur rapport à l’identité culturelle, cet hommage capillaire devient un manifeste artistique et politique. Il rappelle que la beauté, loin d’être superficielle, peut aussi être une mémoire tissée, une fierté assumée et un art du vivre-ensemble.
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