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Bronzage extrême sur TikTok : quand les tendances estivales tournent au danger

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La saison des plages et des vacances est arrivée, mais une nouvelle tendance virale inquiète autant qu'elle fascine. Sur TikTok et Instagram, des pratiques comme les "burn lines" ou "sun tattoos" font le buzz, transformant la peau en une toile éphémère. Si ces motifs créés par une exposition solaire contrôlée séduisent la jeunesse, ils suscitent aussi une vive inquiétude chez les professionnels de santé. Où se situe la limite entre tendance créative et inconscience sanitaire ? Décryptage.

Le phénomène : un bronzage artistique qui fait débat

Depuis quelques mois, les réseaux sociaux regorgent de vidéos de jeunes adultes montrant fièrement leurs "sun tattoos", des motifs dessinés sur la peau en jouant sur l’exposition au soleil. Le principe est simple : appliquer une crème solaire uniquement sur certaines zones pour laisser d’autres parties de la peau brûler légèrement et créer un contraste visible. Certains poussent même cette pratique à l'extrême, en utilisant des pochoirs ou des huiles "bronzantes" pour accentuer les dessins. Résultat : des lignes nettes, des formes géométriques ou des dessins plus complexes qui s’affichent comme des œuvres artistiques.

Ces vidéos, accompagnées des hashtags #suntattoo ou #burnlines, attirent des dizaines de millions de vues. Cependant, derrière ces tendances estivales se cache une réalité préoccupante : les risques pour la santé, souvent minimisés ou ignorés par les internautes.

Les dangers invisibles d’une mode ensoleillée

Les dermatologues sont unanimes : ces pratiques, loin d’être anodines, peuvent avoir des conséquences graves sur la santé de la peau. Le Dr Catherine Oliveres-Ghouti, dermatologue spécialisée dans la prévention des cancers cutanés, avertit : « Une exposition solaire excessive, même localisée, augmente considérablement les risques de brûlures au second degré et de mélanome. Ce genre de pratique peut avoir des effets irréversibles sur la peau. »

L’exposition au soleil sans protection adéquate est directement liée au vieillissement prématuré de la peau, aux coups de soleil sévères, mais surtout à un risque accru de cancer de la peau. Selon les experts, une seule brûlure grave pendant l’enfance ou l’adolescence peut doubler les chances de développer un mélanome à l’âge adulte. L’effet cumulatif de telles pratiques, popularisées par la recherche de viralité sur les réseaux sociaux, ne fait qu’aggraver le problème.

Une prise de conscience tardive mais essentielle

Face à cette tendance en pleine expansion, les autorités sanitaires commencent à réagir. En mai 2025, à l’occasion du Skin Cancer Awareness Month, plusieurs campagnes de sensibilisation ont été lancées pour contrer cette mode dangereuse. Le ministre de la Santé, dans une déclaration récente, a qualifié ces pratiques de « dérives préoccupantes » et a exhorté les jeunes à protéger leur peau : « La mode ne doit pas coûter votre santé. Une peau brûlée aujourd’hui, c’est une vie marquée demain. »

Les associations de lutte contre le cancer de la peau ont également intensifié leurs efforts pour éduquer le grand public sur l’importance de la prévention. Des conseils simples mais efficaces, comme l’utilisation d’une crème solaire à large spectre (SPF 30 minimum), le port de vêtements couvrants ou encore l’évitement du soleil aux heures les plus intenses (entre 10h et 16h), sont largement diffusés. Cependant, dans un monde où les réseaux sociaux dictent les comportements, ces messages peinent parfois à rivaliser avec l’attrait des contenus viraux.

TikTok, un levier pour éduquer ou un catalyseur de risques ?

La viralité qui alimente la popularité des "sun tattoos" pose une question cruciale : les plateformes sociales ont-elles un rôle à jouer dans la prévention des comportements à risque ? Alors que certains créateurs de contenu participent activement à la propagation de ces tendances, d’autres, plus responsables, utilisent leur influence pour promouvoir des pratiques sûres.

Certains influenceurs dermatologues, comme le Dr Maxime Roux, ont commencé à inonder TikTok de vidéos éducatives, expliquant en termes simples les dangers des coups de soleil intentionnels. Ces initiatives témoignent d’un effort collectif pour contrer la désinformation, mais elles restent minoritaires face à la puissance de la viralité.

Éducation et responsabilité : le défi de 2025

Au-delà des campagnes de sensibilisation, la solution passe par une éducation durable à la santé dès le plus jeune âge. Les parents, les écoles et même les créateurs de contenu doivent travailler de concert pour inculquer des habitudes solaires responsables. Il ne s’agit pas de condamner la créativité ou l’envie de s’exprimer, mais de trouver un équilibre entre mode et prudence.

Les responsables des plateformes sociales, de leur côté, pourraient également jouer un rôle clé en surveillant les contenus dangereux et en mettant en avant des vidéos pédagogiques. Des algorithmes mieux calibrés pour promouvoir des comportements sains pourraient transformer ces espaces numériques en vecteurs de prévention.

Vers un été conscient et éclatant

Alors que l’été bat son plein, il est essentiel de rappeler que la santé de la peau n’est pas un jeu. Si les "sun tattoos" incarnent une forme d’audace et de créativité, ils ne doivent pas devenir synonymes de négligence. L’enjeu est désormais de transformer cette tendance en une opportunité pour promouvoir des pratiques solaires responsables.

Le véritable défi, en 2025, sera de faire coexister esthétique et sécurité, pour que l’été reste un moment de plaisir partagé, et non une porte ouverte sur des urgences dermatologiques. Protéger sa peau, c’est protéger son avenir.