

Alors que le classement Forbes 2025 des personnalités les plus influentes dans le secteur du tourisme au Moyen-Orient fait une fois de plus parler de lui, un constat s’impose : l’absence flagrante de figures marocaines pourtant essentielles dans la transformation culturelle et touristique du pays. Ces bâtisseurs, à la fois visionnaires et enracinés, œuvrent dans l’ombre des projecteurs internationaux. Ils façonnent l’attractivité du Maroc avec audace, créativité et un engagement inébranlable envers leur patrimoine.
Originaire d’Essaouira, Ibrahim Mazend (Brahim El Mazned) est une figure incontournable de la scène artistique marocaine et internationale. Directeur du festival Timitar à Agadir et fondateur de Visa For Music, premier marché professionnel des musiques d’Afrique et du Moyen-Orient, Mazend s’efforce de positionner le Maroc comme une scène musicale globale.
Son approche dépasse la simple organisation d’événements. Mazend milite pour la préservation du patrimoine amazigh, soutient les jeunes artistes locaux et renouvelle les pratiques culturelles traditionnelles. En transformant les festivals en plateformes de dialogue interculturel, il contribue à renforcer l’image d’un Maroc ouvert et accueillant, un véritable pont entre l’Afrique, le Moyen-Orient et le reste du monde.
Dans l’univers économique et touristique, Salwa Idrissi Akhannouch incarne la vision et l’innovation. Fondatrice du groupe Aksal, elle a révolutionné le secteur du retail au Maroc en créant des espaces emblématiques comme le Morocco Mall à Casablanca. Grâce à ces projets, elle a introduit une quarantaine de marques de luxe internationales, transformant le shopping en une expérience culturelle, voire touristique.
Son engagement ne se limite pas à l’économie : Salwa Idrissi Akhannouch intègre des pratiques durables et des outils numériques dans ses projets, tout en mettant en valeur l’identité marocaine. En reliant modernité et patrimoine, elle propulse le Maroc dans une dynamique entrepreneuriale inspirante, attirant des visiteurs du monde entier.
L’art du conte, ou hikayat, constitue une richesse culturelle immatérielle du Maroc. Zouhair Khaznoui, artisan de cette renaissance, a redonné vie à cette tradition sur la célèbre place Jemaa el-Fna à Marrakech, où elle était en voie de disparition.
Fondateur de la plateforme World Storytelling Café et du Festival international du Conte de Marrakech, Khaznoui a su marier tradition et technologie. En diffusant les récits marocains à l’échelle mondiale, il fait de Marrakech un centre névralgique du storytelling international. À travers des records comme le plus long marathon de contes, impliquant des conteurs de plus de 80 pays, il redéfinit le rôle du hikayat comme un outil touristique et culturel.
Le Melhoun, art poétique et musical marocain, trouve en Fatima Hadad une ambassadrice passionnée. Fondatrice de l’association Jawg Huwwat Fann Al-Malhoun à Kénitra, elle milite pour la préservation de ce genre unique, tout en formant une nouvelle génération de musiciens et chanteurs.
Grâce à ses efforts, le Melhoun a été inscrit au patrimoine culturel immatériel de l’humanité, renforçant ainsi la visibilité internationale du Maroc. En associant tradition et innovation, ses festivals et rencontres artistiques attirent des amateurs du monde entier, curieux de découvrir une musique empreinte d’histoire et d’émotion.
Malgré leur absence des classements internationaux, ces figures marocaines jouent un rôle clé dans le rayonnement du pays. Ibrahim Mazend tisse des liens artistiques entre cultures, Salwa Idrissi Akhannouch modernise l’offre touristique tout en valorisant l’identité locale, Zouhair Khaznoui adapte le patrimoine oral à l’ère numérique, et Fatima Hadad sublime l’héritage musical marocain.
À une époque où le tourisme et la culture deviennent des moteurs essentiels de développement, il est crucial que ces bâtisseurs de l’intangible soient reconnus à leur juste valeur. Leur action ne se mesure pas uniquement en chiffres ou en distinctions : elle se reflète dans chaque expérience vécue par les visiteurs, dans chaque note musicale ou récit partagé, et dans l’authenticité d’un Maroc qui rayonne bien au-delà des podiums internationaux.
Il appartient désormais aux institutions marocaines, aux médias et au grand public de mettre en lumière ces acteurs. Ils incarnent la modernité et la tradition, la créativité et la résilience. Leur impact est durable, leur passion contagieuse. Le Maroc brille, porté par ces bâtisseurs de l’ombre, artisans d’un rayonnement culturel et touristique authentique.