

Essaouira, perle de la côte atlantique du Maroc, incarne un héritage spirituel profond, niché dans ses ruelles balayées par le vent et ses remparts historiques. Ce trésor vivant est le berceau des rythmes envoûtants de la musique Gnaoua, une tradition séculaire apportée par les communautés africaines subsahariennes, principalement originaires de régions comme le Mali, le Soudan et le Sénégal. Ces peuples ont su fusionner leurs rituels ancestraux avec les pratiques soufies islamiques, créant ainsi une culture unique centrée sur la transe, la guérison et la musique sacrée.
Essaouira, jadis Mogador, s’est affirmée comme le foyer authentique de cette expression musicale et spirituelle, une ville historiquement ouverte aux influences arabes, berbères, juives, africaines et européennes, un véritable creuset où les confréries Gnaoua ont prospéré. Cette dynamique a été magnifiquement incarnée par des figures emblématiques comme Maâlem Mahmoud Guinia, dont la virtuosité a permis de porter cette tradition autrefois privée sur la scène internationale.
En 1998, cette richesse patrimoniale fut élevée à une dimension mondiale avec la création du Festival Gnaoua et Musiques du Monde, fondé par Neila Tazi et un groupe de visionnaires culturels. Leur ambition : offrir un espace où la musique Gnaoua pourrait se mêler librement à d’autres genres musicaux venus du monde entier, du jazz au flamenco, en passant par le blues, le reggae ou l’afrobeat. Ainsi, pendant trois jours chaque année, Essaouira se transforme en une immense célébration en plein air de l’unité par la musique, attirant des centaines de milliers de visiteurs et offrant un symbole puissant d’ouverture culturelle, sans barrières entre la scène et les rues, entre les artistes et le public, entre les habitants et les voyageurs.
Aujourd’hui, après plus de 25 ans d’existence, le festival n’a pas seulement perduré, il a su grandir et évoluer, grâce à l’engagement indéfectible de ses fondateurs, des organisateurs, des autorités locales et, surtout, des Maâlems eux-mêmes, qui continuent de transmettre leur savoir de génération en génération, assurant ainsi la pérennité de la musique Gnaoua, vivante et vibrante. Bien au-delà de l’art, cet événement est devenu un moteur économique majeur pour la ville, boostant le tourisme, soutenant des milliers d’emplois locaux, remplissant les hôtels, dynamisant les artisans et les restaurateurs, et positionnant Essaouira comme un phare de résilience créative et économique.
Pour les habitants de la ville, il ne s'agit pas seulement d'un événement musical, mais d'une véritable source de fierté, d’une célébration de leur identité, et d’un message au monde : la musique transcende les frontières, les divisions, et n’est que la langue universelle du rythme et de l’esprit, qui nous connecte tous dans une harmonie commune.
CAP SUR ESSAOUIRA : GNAOUA 2025 LÈVE LE VOILE SUR SES PREMIERS TEMPS FORTS
Du 19 au 21 juin 2025, le Festival Gnaoua et Musiques du Monde promet une immersion totale dans un univers où les émotions, la créativité et les rencontres musicales inoubliables se rencontrent. Depuis plus d’un quart de siècle, ce festival dépasse les frontières de l’événement musical pour devenir un véritable projet culturel vivant, symbole de transmission, de dialogue et d’innovation. En 2025, il réaffirme son rôle structurant dans le paysage culturel marocain et africain, avec des initiatives marquantes telles que son partenariat avec le Berklee College of Music et l’Université Mohammed VI Polytechnique pour lancer une Chaire des Croisements Culturels et Globalisation. Cette 26e édition, qui se tiendra du 19 au 21 juin, s’annonce exceptionnelle avec des fusions inédites, comme le concert d’ouverture réunissant Maâlem Hamid El Kasri et la compagnie sénégalaise Bakalama, ou la rencontre de Maâlem Houssam Gania avec le batteur américain Marcus Gilmore. Ces moments de fusion entre les traditions gnaouies et les musiques contemporaines feront de ce festival un événement incontournable, témoignant de l’ouverture d’Essaouira aux influences du monde entier.
Fusion - Maâlem Mohamed Boumezzough avec Anas Chlih, Aly Keïta, Tao Ehrlich, Martin Guerpin, Quentin Ghomari et Hajar Alaoui (Maroc, Mali, France)
Le Maâlem Mohamed Boumezzough explorera de nouveaux horizons en s’entourant de jeunes talents marocains et de musiciens internationaux de renom. À ses côtés, Aly Keïta, maître du balafon venu du Mali, Anas Chlih à la guitare, Tao Ehrlich à la batterie, Martin Guerpin au saxophone, Quentin Ghomari à la trompette et Hajar Alaoui au chant, composeront un orchestre hybride et audacieux. Ensemble, ils réinventeront les codes de la transe gnaoua, mêlant pulsations africaines, envolées jazz et grooves modernes, dans une création placée sous le signe de la fête, de la liberté musicale et de la rencontre.
CKay, phénomène mondial de l’Afrobeats, rejoint l’aventure ! (Nigéria)
Depuis ses débuts, le Festival Gnaoua a toujours su accueillir des artistes pop et soul d’envergure, à l’image d’Ayo, Selah Sue ou, plus récemment, Saint Levant. Fidèle à cet esprit d’ouverture, il accueille cette année CKay, star montante de l’Afrobeats. Originaire du Nigéria, CKay est l’auteur du tube planétaire Love Nwantiti, qui totalise plus de 6 milliards de streams. Chanteur, compositeur et producteur, il incarne un nouveau souffle de la musique africaine, avec un style unique baptisé Afro-Emo, fusionnant rythmes africains, soul et paroles intimistes. Son concert à Essaouira promet d’être l’un des temps forts de cette 26e édition !
Depuis 1998, le Festival Gnaoua et Musiques du Monde d’Essaouira rayonne par sa capacité à conjuguer héritage et modernité, tradition et innovation. En investissant dans la formation, la recherche et la création, il contribue à structurer un véritable écosystème culturel marocain et africain, tout en offrant au public des expériences musicales rares et inoubliables. Un festival pas comme les autres, où chaque note célèbre la liberté, la rencontre et la création. Rendez-vous du 19 au 21 juin 2025 à Essaouira pour vivre une édition exceptionnelle ! Et ce n’est qu’un début… d’autres temps forts seront annoncés très prochainement !
Par Tarik Kerdoudi