

Le cancer de la prostate fait partie des préoccupations majeures en matière de santé publique au Maroc. Représentant 16,1 % des cas de cancers masculins, cette maladie touche près de 5 000 hommes chaque année. Lors d’une récente conférence organisée à Marrakech par l’Association Marocaine pour la Santé de la Prostate, des experts, médecins et chercheurs ont dressé un état des lieux alarmant tout en mettant en lumière les avancées prometteuses dans la lutte contre cette pathologie.
L’un des constats les plus préoccupants établis par les spécialistes est que la moitié des cancers de la prostate au Maroc sont diagnostiqués à un stade avancé. Cette détection tardive réduit significativement les chances de guérison et complique la prise en charge. Plusieurs facteurs expliquent ce retard : un manque de sensibilisation, des tabous culturels autour de la maladie, et une réticence face aux examens médicaux. Le toucher rectal et le dosage de l’antigène spécifique de la prostate (PSA), pourtant simples et accessibles, restent encore peu pratiqués. Les spécialistes insistent sur l’importance d’un dépistage précoce dès l’âge de 50 ans, ou dès 45 ans pour les hommes présentant des antécédents familiaux ou d’autres facteurs de risque.
Malgré ces défis, des progrès notables dans le domaine médical offrent de nouvelles perspectives pour le traitement du cancer de la prostate. Parmi celles-ci, la technologie des ultrasons focalisés de haute intensité (HIFU) a particulièrement retenu l’attention. Cette méthode non invasive permet de détruire les tumeurs localisées sans les effets secondaires lourds associés à la chirurgie classique, comme l’incontinence urinaire ou la dysfonction érectile. Ahmed El Mansouri, président de l’Association Marocaine pour la Santé de la Prostate, a souligné que cette technologie est désormais disponible dans le royaume. Les études montrent que jusqu’à 95 % des patients traités par HIFU ne présentent plus de signes de cancer un an après l’intervention, tout en conservant une qualité de vie satisfaisante.
Cependant, l’accès aux soins reste profondément inégal sur le territoire marocain. Si les grandes villes comme Casablanca, Rabat ou Marrakech disposent d’infrastructures modernes et de spécialistes qualifiés, les zones rurales restent largement démunies. De nombreux patients des régions éloignées peinent à accéder aux traitements, qu’il s’agisse de chirurgie, de radiothérapie ou de thérapies hormonales de pointe. À cela s’ajoute le coût souvent prohibitif des soins, qui constitue un frein supplémentaire pour de nombreuses familles. Ces disparités renforcent l’urgence de mettre en place des politiques de santé publique visant à garantir une égalité d’accès aux soins pour tous les citoyens.
En parallèle des discussions scientifiques, des initiatives de sensibilisation se multiplient. À titre d’exemple, une course populaire intitulée « Courons tous contre le cancer de la prostate » a été organisée à Marrakech en marge de la conférence. Ce genre d’événements vise à briser le tabou autour de la maladie et à encourager les hommes à se faire dépister régulièrement. Le rôle des associations et des campagnes médiatiques est crucial pour changer les mentalités et renforcer la prévention.
Le cancer de la prostate s’inscrit dans une problématique plus large : le cancer dans son ensemble constitue la deuxième cause de mortalité au Maroc, avec environ 40 000 nouveaux cas chaque année. Les projections des experts sont préoccupantes : le nombre annuel de diagnostics de cancer de la prostate pourrait doubler d’ici dix ans, atteignant potentiellement 10 000 cas, rivalisant ainsi avec le cancer du poumon.
Face à cette menace, le Maroc dispose d’atouts considérables. Les avancées technologiques comme le HIFU, combinées à une expertise médicale croissante, offrent des solutions prometteuses. Toutefois, la lutte contre le cancer de la prostate nécessite une mobilisation collective. Les professionnels de la santé, les pouvoirs publics et la société civile doivent unir leurs efforts pour améliorer la prévention, réduire les inégalités d’accès aux soins et intégrer systématiquement les innovations technologiques dans les protocoles de traitement.
La bataille contre le cancer de la prostate est loin d’être perdue. Avec des actions coordonnées et une sensibilisation accrue, le Maroc peut relever ce défi sanitaire. L’objectif est clair : réduire la mortalité liée au cancer de la prostate et garantir à chaque patient un accès équitable à des soins de qualité. Ce combat, qui concerne tous les acteurs de la société, est désormais une priorité nationale.
Profitant de son passage à Casablanca, la chanteuse...