Caftan marocain à Bakou : l’Oriental Fashion Show consacre un patrimoine UNESCO
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Du 8 au 10 décembre, Bakou, capitale de l’Azerbaïdjan, a brillé comme un phare de créativité orientale, accueillant l’Oriental Fashion Show dans le cadre de la Bakou Creative Week et de l’Azerbaijan Fashion Week. Cet événement, soutenu par le Festival culturel de l’Organisation de la coopération islamique (OCI), a vu converger créateurs, diplomates et médias autour d’un objectif commun : célébrer une mode enracinée dans les traditions tout en dialoguant avec l’avenir. Dans une ambiance mêlant prestige et innovation, Bakou a confirmé son rôle croissant sur la scène des industries créatives internationales.
Mode et diplomatie culturelle : un dialogue fécond
L’Oriental Fashion Show ne s’est pas contenté de présenter de simples collections. Il a orchestré un dialogue subtil entre patrimoine et modernité, transformant chaque tenue en récit vivant des identités culturelles. Des créateurs issus de différentes régions du monde oriental ont illuminé les podiums : Wafa Idrissi du Maroc, Hany El Behairy d’Égypte, ou encore les maisons azerbaïdjanaises Gulnara Khalilova et Uventa. Chaque pièce, qu’il s’agisse des broderies héritées des caravanes de la Route de la Soie ou des silhouettes inspirées des robes de cour, portait en elle le poids des traditions nationales, réinterprétées dans un style contemporain.
Ce positionnement reflète une tendance globale dans la mode : celle de valoriser les savoir-faire locaux et les récits culturels face à une uniformisation esthétique croissante. À une époque où les marques internationales recherchent désespérément une crédibilité en matière de responsabilité culturelle, Bakou offre une alternative séduisante : un luxe authentique, enraciné dans la mémoire collective et les gestes artisanaux.
Le caftan marocain, symbole du patrimoine vivant
Parmi les moments forts de l’événement, un défilé entièrement dédié au caftan marocain a marqué les esprits. Organisé dans l’écrin diplomatique de la résidence de l’ambassadeur du Maroc, ce spectacle a célébré l’inscription récente de cet habit emblématique sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité par l’UNESCO. Cette reconnaissance, annoncée lors de la 20ᵉ session du Comité intergouvernemental de l’UNESCO à New Delhi, couronne des années de travail pour documenter et préserver l’histoire et les techniques de confection du caftan.
Originaire du Maroc au XIIIᵉ siècle, le caftan, marqué par des influences orientales et andalouses, est bien plus qu’un vêtement. Il incarne un savoir-faire d’exception, transmis de génération en génération. En s’invitant à Bakou, il a confirmé son rôle de vecteur de soft power culturel, projetant une image de modernité ancrée dans le respect des traditions.
Une réponse à l’uniformisation de la mode
Dans un monde où l’industrie textile est souvent critiquée pour son impact social et environnemental, l’Oriental Fashion Show propose une réponse élégante et responsable. En mettant en lumière des savoir-faire locaux en danger face à la production de masse, il rappelle que le véritable luxe réside dans le temps consacré à la création et dans la richesse des récits qui l’accompagnent. Le caftan marocain, comme d’autres pièces orientales, devient ainsi une forme de résistance à l’uniformisation, prouvant que la mode peut être porteuse d’histoire tout en étant résolument actuelle.
Bakou, nouvelle étoile de la mode globale
En réunissant des créateurs d’Azerbaïdjan, du Maroc, d’Asie centrale et du Golfe, Bakou s’impose comme une scène stratégique de la mode orientale. Cette géographie élargie de la création redéfinit les pôles traditionnels de la mode, longtemps dominés par les capitales occidentales comme Paris, Milan ou New York. En affirmant sa singularité et en valorisant ses traditions, Bakou s’inscrit dans une stratégie plus large de diversification économique et culturelle.
Pour les publics internationaux, habitués aux récits standardisés des grandes Fashion Weeks, cette émergence de nouvelles scènes créatives offre un souffle d’authenticité et de diversité. Le caftan marocain, désormais adoubé par l’UNESCO, incarne cette dynamique : une pièce à la croisée des influences, capable de séduire les projecteurs sans perdre l’essence de ses racines.
Une mode entre tradition et avenir
Au-delà des défilés, l’Oriental Fashion Show a souligné l’urgence de préserver les métiers d’art menacés par la mondialisation textile. En offrant aux jeunes générations des opportunités économiques dans les filières artisanales, cet événement trace une voie pour une mode durable et inclusive. Les collaborations entre créateurs, l’intérêt des médias et l’implication des décideurs publics signalent une volonté claire : faire de la mode un levier de transformation culturelle et économique.
Avec des événements comme celui-ci, Bakou se positionne comme un acteur clé de la mode mondiale, redéfinissant les codes du luxe et du style. L’Oriental Fashion Show, par sa capacité à mêler héritage et innovation, nous invite à repenser la mode comme un espace d’échange, de mémoire et de création. Une ambition qui, dans un monde de plus en plus uniformisé, résonne comme une véritable urgence créative.





