

13 Jours, 13 Nuits, le dernier long-métrage de Martin Bourboulon, s’attaque à un pan méconnu mais essentiel de l’histoire récente : l’évacuation de centaines de réfugiés afghans orchestrée par un petit groupe de Français reclus dans leur ambassade à Kaboul, au moment où les Talibans s’emparaient brutalement de la capitale afghane en août 2021. Un thriller sous tension, porté par Roschdy Zem, Lyna Khoudri et Sidse Babett Knudsen, qui plonge dans le chaos de l’Histoire avec une pudeur rare et une humanité bouleversante.
Au cœur de ce récit : le Commandant Mohamed Bida, interprété avec sobriété et intensité par Roschdy Zem. Resté sur place avec une poignée d’hommes après le départ précipité des troupes américaines, Bida décide de ne pas fuir. Devant les grilles de l’ambassade, une foule d’Afghans – traducteurs, collaborateurs, familles – supplie qu’on les aide. L’opération de sauvetage, improvisée dans l’urgence, s’étendra sur treize jours et treize nuits, marqués par les négociations périlleuses, la peur constante, et la volonté farouche de sauver des vies.
Inspiré du livre 13 Jours, 13 Nuits dans l’enfer de Kaboul (Éditions Denoël, 2022), ce film s’ancre dans un réalisme poignant. Loin des clichés du film d’action, Bourboulon opte pour une mise en scène épurée, rythmée par une tension constante mais toujours au service du récit humain. Pas de fusillades spectaculaires, mais des regards, des silences, des mains qui tremblent. L’héroïsme ici est discret, presque ordinaire, incarné par ceux qui prennent des risques pour autrui sans en attendre de gloire.
Outre Roschdy Zem, magistral dans un rôle contenu mais traversé de fêlures, Lyna Khoudri interprète Eva, une jeune traductrice franco-afghane prise dans la tourmente. Par sa sensibilité et son jeu tout en nuance, elle donne chair à ce déracinement que vivent tant d’exilés. Sidse Babett Knudsen campe, quant à elle, une journaliste de guerre dont l’engagement vacille face à l’ampleur de la tragédie.
Dans les coulisses, le réalisateur s’est entouré d’Afghans non-professionnels pour restituer, avec authenticité, les gestes, les mots, les regards de celles et ceux qui ont vécu cette déflagration. Le tournage, intégralement réalisé au Maroc (à Casablanca et Kénitra), a bénéficié du savoir-faire des équipes locales, dans une reconstitution méticuleuse de Kaboul en crise.
« Ce n’est pas un film d’héroïsme, mais un témoignage d’humanité », insiste Mohamed Bida, qui a accompagné le projet sans chercher à l’orienter. Fils de harki, lui-même marqué par l’exil familial, il voit dans cette opération une résonance intime et universelle. Martin Bourboulon, qui s’illustre ici dans un registre inédit après Les Trois Mousquetaires, signe un film tendu, modeste et digne, où diplomatie, désobéissance et courage se mêlent dans un ballet tragique.
13 Jours, 13 Nuits est un film de guerre sans guerre, un film d’action sans coups de feu. Un film sur les choix moraux dans un monde qui s’effondre. À une époque saturée d’images violentes, il réaffirme, avec pudeur et détermination, la nécessité de l’empathie.
Profitant de son passage à Casablanca, la chanteuse...