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Jacquemus réinvente la paysanne chic à Versailles

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Et si une paysanne foulait les jardins du Château de Versailles ? Dimanche 29 juin 2025, Simon Porte Jacquemus a offert une vision aussi poétique que décalée de la paysannerie à la française, en dévoilant sa nouvelle collection « Le Paysan » dans le cadre somptueux de l’Orangerie de Versailles. Pour son second défilé au sein de ce haut lieu de l’histoire royale, le créateur de 35 ans a célébré la beauté rustique à travers une mise en scène à la fois bucolique et dramatique.

Sur un tapis de jonc de mer déroulé dans la salle voûtée, baignée d’une lumière douce et rafraîchie malgré les 33°C extérieurs, les mannequins ont défilé sous les regards de célébrités telles qu’Emma Roberts, Aya Nakamura, Charlotte Cardin et Pierre Niney. Mais pas de jardin potager ni de marché à ciel ouvert comme l’indiquait malicieusement le carton d’invitation — seulement des accessoires inspirés du monde rural : cagettes de cuir, gousses d’ail en trompe-l’œil et sacs façon légumes de saison.

L’esprit de Mallemort, village natal du créateur, s’invite dans chaque silhouette. Robes en popeline blanche, blouses en taffetas rose pâle, jupons superposés : l’esthétique paysanne est ici sublimée, loin de la rusticité brute, pour se fondre dans une grâce toute parisienne.

À mesure que le show avance, la narration bascule vers un registre plus sombre. Des silhouettes de veuves en noir, des airs mélancoliques, des robes aux allures andalouses : Jacquemus évoque la perte, la mémoire et les racines. Cette séquence, inspirée par le décès de sa mère en 2008, fait surgir toute la puissance émotionnelle de la collection. Des napperons de dentelle, des foulards noués sur la tête, des espadrilles montées sur talon noir… chaque détail rend hommage à un passé réinventé, empreint de tendresse et de nostalgie.

Entre tradition revisitée et romantisme exacerbé, Jacquemus réussit l’exploit de concilier mode et émotion, raffinement et mémoire populaire. Sa paysanne, loin des clichés, est une figure libre, élégante et résolument moderne. À Versailles, temple du faste royal, le créateur prouve une fois de plus que la mode peut être un conte. Et que dans ce conte, les héroïnes ne sont pas toujours des princesses. Parfois, elles portent des tabliers en coton et des souvenirs cousus à la main.