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Nacim Haddad, chanteur et docteur

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Pouvez-vous nous parler de votre parcours de vie ?

Je suis né à Rabat et j’ai grandi à Salé, où j’ai passé une enfance très calme et d’ailleurs je le suis toujours. J’étais obsédé par le domaine de la recherche et en même temps attaché à l’art populaire marocain. A l’époque, ce qui a fait l’exception c’est que j’étais le seul parmi mes amis à écouter « Nass El Ghiwane » et l'Aïta, ce qui m’a permis de constituer une base solide pour accéder à ce domaine artistique. En ce qui concerne mes études, après l’obtention d’un Baccalauréat en « Sciences Mathématiques », j’ai fait une Licence en « Sciences Mathématiques et Informatique », puis un Master en « Physique Informatique ». Pendant le deuxième cycle, j’ai découvert le domaine de la physique nucléaire, et j’ai décidé d’en faire mon sujet de thèse intitulé « Le calcul de la luminosité du détecteur Atlas à travers le courant High Voltage System ». Après avoir soutenu mon doctorat en 2017, je suis rentré au Maroc pour commencer officiellement ma carrière dans le domaine de l’art.

D'où vous vient cette passion pour l'Aïta ?

C’est une passion qui ne m’a jamais quittée depuis mon enfance, et qui m’est venue des troupes de « Nass El Ghiwane » et surtout « Mesnawa » qui s’intéresse davantage à l’art de l'Aïta. Aussi, je suis originaire de la région de Bejaad, qui demeure la source du patrimoine populaire marocain. Tous ces facteurs ont contribué au fait que je m’attache davantage au chant populaire marocain et à l'Aïta.

Quelle histoire se cache derrière la création du groupe « Hbab El Ghiwane » ?

L’idée m’est venue quand j’étais en Master, à la Faculté des Sciences de Rabat. J’avais constitué cette troupe qui travaillait sur le répertoire de « Nass El Ghiwane », ce fameux groupe représente pour moi une école artistique qui m’a appris énormément de choses dans ma carrière. A noter que dans ce style, on retrouve Lgnaoui, Aissaoua, Lhassani, la chanson amazighe… J’étais fier qu’Omar Sayed, l'un des membres fondateurs du groupe musical légendaire, m’ait confié la mission d’assurer la relève de l’école Ghiouania et même de l'Aïta qui a été représentée par Larbi Batma. Jusqu’à aujourd’hui, j’organise toujours des soirées spéciales « Ghiouan » avec mon orchestre.

Nacim HaddadVous avez bifurqué de la physique nucléaire vers le chant de l'Aïta, comment avez-vous vécu ce changement ? Et votre entourage ?

J’avoue que ces deux domaines font partie de moi et créent un équilibre dans ma personnalité. Je pense que l’on peut éventuellement travailler dans un domaine autre que celui des études. Mais cela ne m’empêche pas de toujours poursuivre mes recherches dans la physique nucléaire. D’ailleurs, ce domaine m’a aidé à développer une vision scientifique même dans le chant de l'Aïta, à travers laquelle j’ai pu me démarquer et me réaliser artistiquement. Quant à mon entourage, mes parents étaient totalement d’accord avec mon choix d’orientation et m’ont toujours encouragé à suivre ma passion et la partager avec le public.

Quels sont les artistes qui vous inspirent ? Y en a-t ‘il certains qui vont ont épaulé dans vos débuts, ou lors de votre carrière ?

Je peux vous en citer beaucoup, mais celui qui m’a marqué depuis l’enfance, est Hamid Batma qui est aujourd’hui avec la troupe de « Nass El Ghiwane ». Et ce, pour sa maîtrise de divers genres musicaux et sa voix distinguée. Aussi, Omar Syed, qui est l’un des artistes qui m’ont accompagné depuis mes débuts avec « Hbab El Ghiwane » et le réalisateur Saâd Chraibi, qui était le parrain de ma troupe et qui ne cesse de m’encourager.

Nacim Haddad sur 2m

Comment percevez-vous l'Aïta marocaine aujourd'hui ? Comment pensez-vous que celle-ci a évolué à travers le temps?

Quand on parle de l'Aïta, on parle d’un patrimoine poétique et festif qui est le fruit d’un travail de plusieurs praticiens de cet art. Malheureusement, les Chioukhs d’aujourd’hui se sont juste contentés de reprendre les Ayoutes sans y rajouter de nouvelles esthétiques. En effet, l'Aïta a perdu sa modernité et son contexte, car ce genre musical permet de raconter les vécus sociétaux, les souffrances... Dans les années 80, les processus créatifs dans l'Aïta nous font penser à Fatna Bent Lhoucine, Haja Lhamounia… Ces figures emblématiques qui ont apporté de la valeur à ce patrimoine immatériel de l'Aïta. Je vois que c’est une vraie problématique du domaine, car il faut absolument adapter les chansons à l’évolution de la société, afin d’inviter le public marocain à se réconcilier avec cet héritage culturel.

Des projets à venir ? Pouvez-vous nous en parler ?

Je travaille en même temps sur divers projets, notamment un album qui sortira bientôt et qui s’inscrit toujours dans ma vocation : moderniser l'Aïta marocaine. Il est composé de nouvelles chansons extraites de l’héritage marocain auxquelles j’ai rajouté ma touche personnelle. Aussi, je prépare une encyclopédie sur l’art de l'Aïta.

Un dernier message que vous souhaiteriez adresser à la nouvelle génération ?

Je leur conseille de suivre leurs études car c’est la base de leur avenir. S’ils ont une passion, qu’ils la suivent mais à condition de ne pas abandonner leurs objectifs académiques. Et d’ailleurs, c’était mon challenge durant tout le chemin que j’ai parcouru, j’ai voulu affirmer qu’avec la persévérance et la bonne volonté, on arrive à concrétiser nos espérances.

 

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